Même pour les gais, qui ont
généralement une sexualité libérée, la scatophilie provoque
de violentes répulsions et un profond sentiment de dégoût et
de rejet. La merde nous renvoie à un des tabous les plus
violents et virulents de notre société. Mais les pratiques
scatophiles, même très peu répandues dans la communauté
homosexuelle, ne sont-elles pas, par le dépassement d'une
extrême limite, une forme de liberté? A découvrir!
J'ai trouvé ce texte-
Il a été écrit par un certain Erik rémes-
Je voulais vous en faire profiter car c'est un chef d'oeuvre.
Les plaisirs iconoclastes!
Les scatophiles forment un groupe
peu visible à l'intérieur de notre communauté. Ils n'ont pas
de lieux de drague attitrés. Ils se fondent dans la clientèle
de certains bars cuir parisiens. On peut également les
rencontrer sur Minitel et dans des lieux tels que (feu)
Austerlitz. Leur signe de distinction : le bandana (foulard)
de couleur marron.
Le milieu scat est très fermé.
Plusieurs personnes susceptibles d'être interrogées ont très
mal réagi. Moins par gêne de parler d'un tel sujet que par
souci de préserver leurs pratiques des regards extérieurs.
Bernard, 40 ans, fonctionnaire, fait partie de
ceux-là : C'est une transgression qui ne doit pas se
généraliser. Ton idée d'article, je la trouve complètement
stupide. Les gens ne vont rien comprendre. Ils vont nous prendre
pour des pervers et des malades, des débiles dégénérés. Ca
doit rester entre nous.
En général, les scatophiles sont
issus d'un milieu socio-culturel élevé. Toutes les personnes
scat que je connais sont soit des gens riches, soit des personnes
ayant des professions artistiques ou intellectuelles, souligne
Philippe, 30 ans, journaliste. Cette pratique est assez
souvent liée à l'utilisation de drogues ou à la prise
d'alcool : Je fais rarement une baise scat sans avoir pris
quelque chose, sinon je ne suis pas en état. J'ai besoin d'être
complètement parti pour assumer, admet Serge, 55 ans,
psychiatre. Généralement, on prend des acides ou de la coke, on
fume et on boit de l'alcool, plus rarement de l'ecstasy. Tu as
besoin de te mettre en condition. C'est très difficile de faire
ça sans rien prendre. Toutefois, ne généralisons pas, la prise
d'alcool ou de drogues n'est pas systématique.
Sans tomber dans la vulgarisation
analytique, on peut avancer quelques éléments sur les origines
psychologiques de telles pratiques. La scatophilie est souvent
liée à une réactualisation à l'âge adulte de situations
vécues très tôt dans l'enfance. La merde nous renvoie à un
interdit très puissant. Tu es un sale gosse, tu as encore fait
caca dans ta culotte, nous a forcément dit notre mère. Arrête
de bouffer tes crottes de nez, c'est dégoûtant, répète-t-on
encore souvent plus tard. On rencontre beaucoup de scatos qui,
adultes, ont encore un rapport puissant voire fusionnel et
passionnel avec leur mère.
Vincent, 30 ans, photographe
explique : C'est un fantasme de collège, d'éducation. Pas
mal de mecs que je connais sont des fils uniques ou qui ont été
très maternés. Même adulte, le lien à la mère reste fort.
Ainsi, après le concept de mère à pédé castratrice, peut-on
inventer celui de mère cacastratrice. La société s'évertue à
refouler ses excréments. Combien de temps avons-nous mis à
dépasser ce stade que la psychanalyse nomme anal? Comment
l'avons-nous intégré? Notre volonté de jeunes enfants
pouvait-elle s'exprimer sous le poids des interdits? Qu'a-t-il
fallu pour que nous devenions propres? L'insistancep plus ou
moins patiente, voire agressive, de nos parents et éducateurs.
Ces interdits resurgissent chez
certains et s'expriment librement. Ou se traduisent simplement
par une répulsion violente. C'est alors une forme de
dénégation d'un désir qu'il ne faudrait en aucun cas délivrer
et ramener à la conscience. La jouissance vient de la
transgression de ce tabou. Plaisir iconoclaste de destruction des
valeurs. Décadence pasolinienne. Nous sommes des enfants qui
jouent avant la loi. Sans âge. Trop jeunes pour comprendre, trop
vieux pour juger. Je regarde de haut la morale à mes pieds. Je
la souille, crache ma bière iconoclaste au buste défait de la
vérité, proclame d'un ton lyrique, Peter, 28 ans, juriste.
La scatophilie est fréquemment
l'aboutissement d'une sexualité hard. C'est un parcours qui
passe bien souvent par le milieu sadomaso et cuir. Un cheminement
à travers ses fantasmes, une découverte et une recherche au
long cours de son désir et de ses capacités. Ce cheminement
fait que rares sont les scatos qui ont moins de trente ans,
expérience oblige - bien que l'on rencontre également
quelques gigolos donneurs (au sens littéral du terme, qui
donnent leurs excréments) qui, eux, sont plus jeunes.
Est-ce facile à vivre
psychologiquement et moralement? Philippe qui a de nombreux amis
dans ce milieu nous explique : Ces gens ont généralement
vécu des fantasmes très hard, et donc maintenant ils vivent
bien leur sexualité. Ce ne sont plus de petits jeunes de
dix-huit ans qui arrivent de province, qui découvrent leur
homosexualité et ont du mal à la vivre. Ce ne sont pas des mecs
qui refoulent ou qui culpabilisent. Ils ne ressentent aucune
honte. Ils vivent même cela comme une forme de liberté. Comme
nous sommes un petit milieu, nous sommes cordiaux entre nous. On
recherche plus des mecs expérimentés avec qui on est certain
que ça va coller plutôt qu'un petit jeune qui n'y connaît
rien.
Les mots, le dialogue, plus
peut-être que dans tous autres fantasmes et rapports sexuels,
ont ici leur importance. Autant on peut sodomiser un garçon sans
lui parler ni même connaître son nom, dans une back-room ou à
l'abri d'un bosquet, autant les plans scat nécessitent la
connaissance de son partenaire. André, 45 ans, dans le
show-biz : C'est une baise très intellectuelle, malgré ce
que l'on pourrait croire au premier abord. Je connais toujours
mes partenaires avant un rapport. Dans une relation scat, la
psychologie a énormément d'importance. Lorsque j'ai un rapport,
je ne bande pas toujours. C'est très cérébral. Quelquefois, il
m'arrive d'avoir des orgasmes sans me toucher le sexe.
Cette évolution qui amène à la
scatophilie peut passer notamment par les trips uro, durant
lesquels on pisse et/ou on se fait pisser dessus. Ainsi, dans des
bars cuir parisiens, on peut voir deux ou plusieurs garçons
jouer, pissant les uns sur les autres. D'autres s'amusent à se
cracher de la bière.
A l'étranger, certains bars cuir
comme le Web à Amsterdam ont encore des baignoires. Il faut se
souvenir de la belle époque new-yorkaise où dans celles-ci, des
hommes servaient de toilettes collectives. Avant d'être choqué
et de rejeter de tels comportements, il faut se demander quelles
libertés ces gens ont pris vis-à-vis d'eux-mêmes. Ce qui
apparaît, de l'extérieur, comme une dégradation de l'individu
est en fait souvent vécu comme un don total de soi. Précisons
que tout ceci se fait dans le respect de l'autre.îRapports
destroy, crad, dégueu où l'on aime, à l'inverse de beaucoup de
gens, les slips et les chaussettes sales et odorifères. Ainsi un
mec sur Paris est connu pour sa collection de slips et de
chaussettes sales qu'il échange ou qu'il achète. Pratiques
liées également aux vêtements de caoutchouc et de latex. On
retrouve ici le fantasme des éboueurs et des hommes de
chantiers : de la boue, du camboui et de l'huile de vidange.
Celui également des fringues sales et déchirées.
Christophe, 32 ans, au RMI,
fait partie de ces garçons : Un mec bien habillé, ça ne
m'excite pas du tout. Au contraire. Je fuis tout ces mecs BCBG
qui puent le Chanel à deux km. Plus un mec est crad, plus je
trouve ça érotique. Ca a un côté sauvage, rebelle. C'est le
trip voyou, skin-crad. On rencontre d'ailleurs de plus en plus de
mecs crads aussi bien à Paris que dans d'autres capitales
européennes, en Angleterre notamment. Dans ce registre du
désir, les gens propres, qui sentent le savon, puent...
Sans être complètement scat,
certaines personnes ne sont pas dégoûtées par les fèces
(excréments) lors de rapports sexuels. Stéphane, 38 ans,
commerçant : Je ne suis pas scatophile, mais il est vrai
que dans un rapport sexuel, s'il arrive que mon partenaire ne
soit pas très propre, cela ne me dérange absolument pas. Un de
mes plaisirs c'est de me faire bouffer la bite merdeuse après
avoir enculé un mec.
De chaussettes léchées en slips
reniflés, on arrive à lécher le cul sale de son partenaire. La
saleté devient désirable. Tout se fait par étape, lentement et
avec difficulté. Pour moi, déclare Vincent, 40 ans,
architecte, il s'est passé très longtemps entre le moment où
j'ai pris conscience de mes fantasmes scato et le passage à
l'acte. Ca a été graduel. Les premières fois, ça m'a
dégoûté, j'ai même vomi. J'ai attendu avant de recommencer.
Cela m'excitait de plus en plus. Il s'agit de se sentir bien,
cela dépend beaucoup de l'excitation de la personne, de
l'endroit, de l'atmosphère qui nous entoure. L'odeur, avec
l'expérience, est un problème qui se dépasse. J'ai rencontré
une personne avec qui j'ai réessayé et là tout s'est bien
passé.
Sur Paris, de plus en plus de gens
sont branchés par ces fantasmes. Communauté qui s'agrandit de
gens qui se connaissent. Dans le reste de la France, il est
beaucoup plus difficile de le vivre. Bien que l'on trouve
quelques scatos en province qui montent alors à Paris pour vivre
leur trip.
Il y a plusieurs façons d'être
scat. On peut par exemple n'aimer que voir la merde sans y
toucher. Soit le jeu consiste en un étalage simple sur le corps,
on se met dégueulasse, on se barbouille. Soit intervient un
désir d'absorption qui est un fantasme très cérébral et
nécessite un apprentissage et le dépassement de toute
répulsion.
Dans le cas de l'absorption, soit
la personne recrache, soit elle ingère complètement les fèces.
On peut ne manger que ses propres excréments et pas ceux des
autres et inversement. Certains mecs se font chier directement
dans la gueule, ou par terre ou dans une assiette. Les fantasmes
sont multiples et variés. Patrick lui aime se faire cuire des
pâtes dans l'urine de son amant de passage. Pourquoi pas!
Il existe toutes sortes de
raffinements. Le plus connu est certainement celui de la banane
épluchée que l'on introduit dans l'anus et que l'on mange par
la suite. Un régal paraît-il! Un mec que j'ai interrogé
raconte qu'il met ses excréments dans une seringue à mousse
Chantilly avant d'en décorer son partenaire. On peut également
se fourrer des éclairs au chocolat avec... Certains garçons
vont même jusqu'à faire des provisions de merde dans leur
congélateur. La merde est perçue comme quelque chose de naturel
et d'aussi jouissif que le sperme. Dominique lui aime se faire
des préparations à base de merde, de molards, de pisse et
mélanger le tout avec ce qui traîne dans le frigo :
saucisson, gâteau, etc. Un autre mec va chercher des merdes de
chien pour les faire manger dans une écuelle à son amant, à
quatre pattes et avec un collier de chien...
Ce type de rapport est
généralement très long. Il nécessite une certaine
préparation et se fait rarement à l'extérieur. Mis à part
certains lieux, des chantiers, des caves ou des immeubles en
destruction. Mais après, il faut trouver un endroit pour se
laver. Je préfère faire ça chez moi, dit Philippe, recréer
une atmosphère avec de la musique, une certaine lumière.
Pouvoir m'habiller comme il me plaît, me changer au cours de la
baise.
Ca me fait beaucoup fantasmer,
nous confie Frédéric. Le gros des troupes est constitué de
gens qui chient et se bouffent la rondelle du cul. Les gens qui
avalent complètement sont plus rares. Les plans scats ne se
trouvent pas facilement. C'est occasionnel. Le reste du temps, on
baise comme tout le monde. Mais nous, on a ça en plus. C'est une
liberté et une jouissance que les autres n'ont pas. l
Les rapports scats ne sont pas
toujours des rapports sans risques. Pour tout renseignement
s'adresser (en France) à : Sida Info Service (appel
gratuit) Tél. : 0 800 840 800, ligne
d'écoute sur le sida 24 h sur 24, 7 jours sur 7.
Erik Rémès
à 02:10